Aujourd’hui, les forêts couvrent 72% des Préalpes d’Azur. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
La compréhension de l’évolution de l’occupation du sol sur les 150 dernières années peut permettre d’aider à faire des choix en termes d’aménagement du territoire, de gestion des espaces et des ressources.

Les forêts en 1866 (Etat-Major) et 2009 (IFN)

Les forêts des Préalpes d’Azur en 1866

D’après le travail d’exploitation de la carte d’état-major de 1866 (Letondeur, 2020), la surface boisée couvrait à cette époque 23% de l’aire actuelle du Parc.
Au milieu du XIXe siècle, la majorité des bois (44%) se situaient entre 650m et 1200m d’altitude, à l’étage supra-méditerranéen. Les étages supérieurs, montagnards, situés entre 1200 et 1800m, contenaient moins de surfaces forestières et étaient généralement dédiés au pastoralisme.
Le milieu du XIXe siècle est une période de transition forestière en France puisqu’elle correspond au minimum forestier. Cette période marque le passage, à l’échelle nationale, de la dynamique générale de défrichement à une recolonisation forestière. Ce minimum a certainement été observé dans les années 1830-1850 (Rochel et al, 2017).
En 1866, les forêts se situaient majoritairement dans la moitié nord du territoire, au Nord d’une ligne qui traverse la Cime du Cheiron d’ouest en est.

Les forêts des Préalpes d’Azur aujourd’hui


De 1866 à aujourd’hui, la surface forestière a été multipliée par 3,2. Cette évolution semble s’accorder avec la tendance nationale de regain des forêts (Cinotti, 1996 ; Vallauri et al., 2012).
Les forêts du Parc sont privées à près de 70 % (75% en France d’après l’IGN, 2019).
Les paysages forestiers dominent les Préalpes d’Azur, en particulier sur la moitié nord. Les secteurs non forestiers, plus au Sud, sont dédiés au pastoralisme et aux cultures agricoles.

Une forêt omniprésente…

Sur les 48 communes adhérentes au Parc, la forêt représente en moyenne 74% de la surface communale. Les communes dont le couvert forestier est le plus faible sont celles qui sont les plus urbanisées (Vence, Carros) mais aussi celles où le pastoralisme et les cultures maintiennent les paysages ouverts (Coursegoules, Courmes).

… mais avec un enjeu de dépérissement important


Les peuplements de pins sylvestres et de sapins pectinés sont fortement impactés par un dépérissement (affaiblissement progressif pouvant engendrer la mort des arbres). Le devenir des forêts préalpines constitue une grande incertitude. L’adaptation au changement climatique de ces peuplements constitue l’un des enjeux majeurs en termes de gestion forestière, d’évolution des paysages, de cycle de l’eau et du carbone…
A l’échelle de la région Sud Provence Alpes Côte d’Azur, les modèles développés lors des recherches de l’IRSTEA (INRAe) dirigées par Michel Vennetier montrent que le pin sylvestre n’a que très peu d’avenir, sur près de 50% des surfaces qu’il occupe. Il semblerait que le dépérissement soit multifactoriel (stress hydrique, attaque parasitaire, âge des peuplements …).

Les forêts de 1866 encore présentes aujourd’hui : les forêts anciennes

Territoire des Préalpes d’Azur – Le couvert forestier en 1866 et aujourd’hui

16% de forêts présentes en 1866 ne le sont plus aujourd’hui. Ces défrichements, minimes à l’échelle du Parc, ont tout de même concerné la quasi-majorité de ses communes. Ces défrichements ont d’abord concerné les versants pentus et bien exposés. Ils ont fait l’objet d’une mise en valeur agricole, souvent à proximité des villages, grâce aux restanques (terrasses stabilisées de la main de l’homme par des murets en pierres sèches) pour gagner en surface, retenir l’eau, prévenir des glissements de terrain, etc.

Ainsi, 84% des espaces forestiers de 1866 sont toujours présents actuellement, en raison de la dynamique forestière globale d’expansion qui s’est produite depuis le milieu du XIXe siècle. Les forêts anciennes, forêts présentes de 1866 à nos jours, représentent 26% du couvert forestier actuel.
A l’échelle du Parc, la composition générale des forêts anciennes est équilibrée et semblable à celles des forêts plus récentes.

Les perspectives


De tout temps, l’Homme a façonné les territoires et les paysages. Espaces agricoles et espaces forestiers fonctionnent comme des complémentaires. La déprise agricole a laissé la place à l’écosystème forestier, majoritaire de nos jours.
Toutefois, l’état du couvert forestier actuel pose de nombreuses questions :

  • Comment maintenir les fonctionnalités de la forêt (production de bois, espace de récréation, espace de biodiversité) ?
  • Quelle gestion des risques incendies ?
  • Quelle valorisation aujourd’hui et demain de la ressource forestière ?
  • Quelles seront les espèces adaptées aux changements climatiques ?

En bref, quelle gestion multifonctionnelle pour nos forêts ?
Toutes ces questions seront animées par le Parc en 2021 et 2022 pour que le territoire élabore une stratégie locale de développement forestier.

Crédit images: ©PNRPA – J. Braun, ©PNRPA – P. Richaud, ©PNRPA – Etienne Galvez.