L’Évolution des forêts du Luberon de 1860 à nos jours

Les paysages ont vécu une révolution considérable durant ces 150 dernières années, dont il est important de garder la conscience, l’information et d’en comprendre les enseignements pour la gestion des forêts aujourd’hui. En un siècle et demi, la surface forestière nationale a doublé.
Beaucoup des forêts actuelles sont récentes, nouvellement installées sur des terres antérieurement labourées ou pâturées durant des siècles. De nombreux travaux en écologie forestière ont montré des conséquences significatives de ces usages passés, notamment sur la productivité des sols, le stock de carbone ou la biodiversité associée (Dupouey et al. 2002, Dupouey et Dambrine 2010). L’analyse des cartes anciennes permet est utile à la gestion des paysages aujourd’hui.

Occupation du sol en 1860 et 2014

Les secteurs non boisés

En 1860, les secteurs non boisés sont majoritaires (73 %) répartis comme suit :

  • les cultures labourées, 43 %
  • les pâquis ou pâturages, 17 %
  • les vignobles, 6%
  • les prairies, 3%
  • les milieux artificialisés (urbanisation et gravières principalement), 2%

Les forêts

Le taux de boisement vers 1860 est de 27%, contre 51% aujourd’hui. Les unités paysagères les plus boisés en 1860 sont celles qui le sont également aujourd’hui (le Luberon intérieur et les Monts du Vaucluse) ; la moins boisée est nettement l’unité paysagère Durance et Comtat (plaine agricole). Dans les unités Pays d’Apt et Luberon oriental, le taux de boisement a été multiplié par plus de 3 entre 1860 et 2003.

Les forêts anciennes

Définition

Ce sont les forêts présentes sur les cartes de 1860 et d’aujourd’hui et pour lesquelles on estime qu’il y a une continuité du couvert boisé depuis plus de 150 ans.


En comparant les forêts de 1860 et celles de 2003 (IFN), il est possible d’isoler les forêts anciennes, dont le couvert boisé est continu depuis plus de 150 ans, soit 46 776 ha. Leur part dans la forêt actuelle (47%) est importante par rapport à la moyenne régionale. Le massif du Luberon et les Monts du Vaucluse comportent la plus grande proportion de forêts anciennes. Dans le Pays d’Apt et le Luberon oriental, en revanche, le boisement a été multiplié par plus de 3 entre 1860 et 2003. L’écologie forestière a montré les conséquences des usages historiques sur la productivité des sols, le stock de carbone ou la biodiversité associée. Celles-ci restent à préciser sur le territoire du PNR du Luberon.

Sur le territoire du Luberon 47 % des forêts peuvent donc être considérées comme « anciennes ». Le Luberon est dans la moyenne nationale mais nettement supérieure aux territoires alentours. Elles sont :

  • situées principalement sur les massifs du Luberon et des Monts de Vaucluse
  • localisées en altitude (entre 600 et 1000 m) et sur des pentes fortes.
  • constituées de peuplements de feuillus, c’est-à-dire les taillis de chêne vert et de chêne blanc qui sont les plus représentés

Les forêts déboisées à ce jour

La surface de forêt apparaissant déboisée depuis 1860 représente 10% des forêts de 1860.
Ces déboisements plus fréquents sur les terrains de faible pente (<10%), en dessous de 300 m d’altitude. Ces terrains sont majoritairement devenus des terres de labours ou ont été urbanisées.

Les forêts récentes

L’ancienneté de l’état boisé à moins de 150 ans, souvent moins de 70 ans. Le taux de forêts récentes varie selon les secteurs du territoire. Les forêts du Luberon Oriental, par exemple, sont principalement récentes : le taux de boisement a été multiplié par 3,6 entre les deux dates.
La part des résineux dans ces forêts est significatives 26% de forêts résineuses et 18% de forêts mélangées feuillus-résineux). On peut l’expliquer par la très forte colonisation spontanée de certains secteurs du parc par les pins, notamment le pin d’Alep, qui est proportionnellement 2 fois plus présent dans les forêts récentes.
On constate également une très forte représentation des garrigues boisées de chêne pubescent, qui sont 4 fois plus fréquentes dans les forêts récentes que dans les forêts anciennes. Cela correspond également à des stades de recolonisation d’anciennes terres agricoles ou pastorales.

Vers un inventaire de terrain des « réservoirs de biodiversité des forêts » en Luberon

le parc naturel régional du Luberon souhaite mieux connaître et préserver la biodiversité spécifique des milieux forestiers. Les forêts les plus remarquables d’un point de vue écologique, véritables « réservoirs de biodiversité », peuvent être distinguées selon différents critères :

  • leur diversité au niveau des essences forestières, des habitats, des espèces patrimoniales ;
  • leur naturalité, caractérisée par la maturité de la forêt, la présence de gros arbres et de bois mort et sénescents, par la structure et la biomasse des peuplements, par le caractère naturel de la dynamique forestière ;
  • l’ancienneté de leur état boisé. De nombreux travaux ont montré l’importance de l’absence d’usage impactant les sols forestier sur la présence de nombreuses espèces (plantes, insectes, champignons etc.) caractéristiques des sols et habitats forestiers, et qui sont moins fréquentes dans les terrains qui ont connu un usage agricole, même ancien ;
  • l’empreinte humaine au niveau de l’exploitation forestière et de la fréquentation.

L’ancienneté de l’état boisé, bien renseignée par la carte d’Etat-major, à donc été complété par un inventaire de terrain afin de caractériser et de cartographier les forêts actuelles les plus remarquables. Ce programme, soutenu par l’Etat et la région PACA, se fait en partenariat avec l’ONF et le CRPF. Cet inventaire est visible dans la carte ci-dessous.

Crédit images: ©PNRL – Aline Salvaudon, ©PNRL – Caroline Salomon.